Déclaration de l’Alliance for Workers Liberty (Alliance pour la liberté des travailleurs) sur la guerre du Liban
Les forces armées israéliennes ont infligé une immense destruction aux infrastructures de la vie économique et sociale libanaise. Elles ont tué des centaines de civils.
La différence entre le massacre délibéré des civils, la marque de commerce de toutes les organisations clérico-fascistes, et les victimes civiles « collatérales » est embrouillée par l’imprudence et l’indifférence d’Israël pour les victimes civiles.
Le fait que le Hezbollah (et le Hamas) situent délibérément leurs bases pour le lancement de roquettes, à partir desquelles ils bombardent les civils israéliens, au milieu de populations civiles denses ne peut justifier qu’Israël agisse avec une immense puissance militaire, en disant « alors la responsabilité pour le massacre des civils est la leur ». La responsabilité est aussi celle d’Israël.
Ce n’est pas du tout certain que le conflit ne s’intensifiera pas pour attirer l’Iran et la Syrie, ou les deux, dans un déchaînement sanglant.
Est-ce que Israël a le droit de se défendre de ceux comme le Hezbollah dont l’objectif politique et militaire déclaré est d’anéantir la nation juive? Oui bien sûr il a le droit. Il ne s’ensuit pas qu’Israël a raison dans cette guerre évitable (qui contient des éléments d’une guerre par procuration, Israël pour les Etats-Unis, le Hezbollah pour l’Iran).
L’argument d’Israël pour la guerre se résume ainsi :
Le Hezbollah a attaqué Israël, tué et kidnappé des soldats israéliens. Le Hezbollah est une organisation politique et militaire clérico-fasciste, qui tente d’établir des dictatures théocratiques et militaires à travers le Proche-Orient et qui est engagée pour la destruction de la nation juive.
Le Hezbollah est soutenu, financé et armé par l’Iran, dont le président a avoué récemment son intention de détruire Israël (et qui essaie de se procurer des armes nucléaires). Israël a le droit de s’emparer d’une occasion favorable pour infliger le maximum de dommage à des ennemis redoutables et implacables.
Si Israël anéantit le Hezbollah, un parti-armée clérico-fasciste, alors les socialistes- et en premier lieu les Libanais et les autres Arabes socialistes, féministes, laïcs, défenseurs des droits des gais, etc-, et les libéraux sérieux auraient raison de se réjouir.
L’argument contre Israël repose sur ce qu’il fait au Liban pour « atteindre » le Hezbollah, qui a un appui massif dans le sud du Liban. Le Hezbollah, qui sortira de cette guerre comme (le beaucoup moins réactionnaire) Gamal Abdel Nasser est sorti de la crise de Suez, quand la Grande-Bretagne, la France et Israël ont attaqué l’Égypte en 1956, c’est-à-dire renforcé en prestige et autorité politique.
Israël n’éteint pas mais plutôt jette de l’huile sur le feu de la montée et de la recrudescence de l’Islam politique. Cette guerre augmentera au lieu de tarir le flot de recrutement et d’argent pour le Hezbollah et les autres organisations politiques clérico-fascistes.
Et les actions d’Israël au Liban ne peuvent être séparées de sa politique générale et de ses objectifs politiques, soit l’annexion d’une grande partie du territoire de la Cisjordanie palestinienne occupée par les Israéliens.
Israël tente d’imposer son propre « règlement unilatéral » et de tracer les frontières « définitives » entre Israël et les territoires à majorité palestinienne à l’extérieur du Grand Mur d’Israël, qui définira et gardera ses frontières.
Déterminé à empêcher l’émergence d’un État palestinien indépendant, Israël fait des choses terribles aux Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie.
Pour ces raisons, Israël doit être condamné même par les gens qui reconnaissent qu’il a le droit d’exister et de se défendre, par la guerre si nécessaire.
Le gouvernement israélien argumente que, parce qu’il n’y a pas de « partenaire pour la paix » Palestinien solide, il doit alors agir unilatéralement. Ceci serait plus convaincant et aurait plus d’autorité morale si Israël n’avait pas, à maintes reprises, agit pour saper tout partenaire politique possible pour la paix parmi les Palestiniens (par exemple en réoccupant la Cisjordanie en 2002).
Supposons néanmoins, à titre d’exemple, qu’il n’y pas de « partenaire pour la paix » avec qui Israël peut négocier politiquement pour mettre au point un accord multilatéral. Alors dans ce cas deux choses l’une.
Soit qu’Israël se servira de sa grande puissance et de ses relations présentes avec la superpuissance mondiale de manière judicieuse, bienveillante et avec justice en vue de créer aussitôt que possible les conditions pour un règlement négocié multilatéral.
Ou bien il agira de manière injuste, chauvine, avec un égocentrisme national étroit qui peut seulement stimuler l’égocentrisme national étroit et le sectarisme islamique de l’autre côté.
Si Israël voulait poursuivre une politique bienveillante et réellement démocratique- même unilatéralement dans la mesure où elle pourrait être faite unilatéralement- il devrait avec le temps couper la plus grande partie- en aucune façon la totalité, mais néanmoins la plus grande partie- de l’herbe sous le pied du clérico-fascisme arabe et islamiste.
Les choses étant ce qu’elles sont, Israël doit être condamné non seulement pour la brutale inhumanité de ce qu’il fait au Liban, mais fondamentalement à cause de sa politique générale dont fait partie la guerre contre le Liban.
Israël n’a pas plus le droit d’étouffer et de détruire la nation palestinienne en tant qu’entité politique- et c’est ce qui est impliqué ici- que les Palestiniens et les États arabes et islamiques n’ont le droit de détruire Israël.
Traduction de Hugo Pouliot.
Deux États pour les deux peuples en Israël Palestine!
